31 août 2014

Ich war ein Berliner. Entre autres.




Bonjour, amis besogneux, retour au charbon : le soleil arrive !

Je ne vous cache pas qu’en dépit de l’adversité météo de cet été, j’ai quand même développé un joli bronzage, moi. 
Il est vrai que cette année, le Festival d’Avignon, 
ce fut moins "Le prince de Hombourg" que "Piscine, terrasse, ratatouille et vivaneau grillé" Passons ! 






On y danse

Sur une dizaine de spectacles vus, je retiens tout de même,  dans le Off, une troupe canadienne scotchante : Cinq visages pour Camille Brunelle et trois spectacles de Belges — encore eux décidément ! — Silence, Kohlhaas et dans le In : The Fontainhead , si l’on supporte le néerlandais pendant plus de trois heures.

En revanche, à ne louper sous aucun prétexte : l’expo de la Fondation Lambert à l’ancienne prison Sainte-Anne d’Avignon : La disparition des Lucioles, ou comment faire juter l’art contemporain dans un contexte puissant. Vous avez jusqu’au 25 novembre. Y a le tgv :








Scoutère de ouf


Sinon quoi ? J’ai perdu tous mes papiers et je me suis fait gnaquer par un clébard malheureux, ex-battu. Je compatis mais je n’ai pas encore cicatrisé. J’ai traversé une fois encore la France en biais et en scoutère, du coup je me suis gelé les endosses dans la forêt d’Orléans. J’ai été voir le MuCEM à Marseille et sa « résille » superbe de béton brillant. J’ai fait du camping à quatre pattes et du cinq-étoiles avec pantoufles, peignoir et lit maousse. Et puis j’ai visité Berlin.



Ich war ein Berliner





Berlin est plat. Berlin n’est pas ce qu’on peut appeler une belle ville, et pourtant tout le monde s’y précipite. Et s’y plaît. Berlin possède 166 musées (j’en ai visité cinq ; faites-moi penser à revenir), 60 théâtres et plein de « gestes architecturaux » contemporains culottés. Berlin est immense.





Berlin est plein de cafés et restaurants qui servent quasiment à toute heure : c’est bon, frais et pas cher (à peu près le contraire de Paris) ! On se croirait en Espagne avec tout ce monde dehors, malgré un climat assez peu méditerranéen. Le soir, dans le métro, on a vu autant de bières (ouvertes) dans la main des jeunes que de portables dans le métro parisien !






Berlin est habité par une obsession mémorielle extrêmement prégnante : Mémorial de l’Holocauste (sobre et puissant), Mémorial du Mur (instructif), Musée juif (architecture unique), Mémorial du Pont aérien (si si), pour les Homosexuels, de la Résistance allemande, contre la Guerre… Le poids de l’Histoire récente et de la culpabilité se ressent à chaque coin de rue (de multiples statues ou monuments témoignent d’un travail de « mémoire » et semblent donner des gages  de bonne volonté à l’Avenir).











L’étonnant dôme de verre et de miroirs conçu par Norman Foster qui surplombe le Reichstag offre une vue panoramique complète sur la ville. 
La Porte de Brandebourg a deux rangées de colonnes de plus que l’arc de triomphe du Carrousel, et encore plus de touristes.
Le Tiergarten est une sorte de Bois de Vincennes avec plus de cours d’eau.
Bergmannstrasse étale ses terrasses de troquets sympas et branchés dans l’axe du soleil couchant, ce qui est bien joli. Friedrichhain, Hackesche sont de vivants quartiers sympas aussi.
L’Ile aux Musées regroupe cinq musées, dont un Louvre, un Orsay, un Prado, un Musée des Monuments français (mais plutôt allemands), un Petit Palais. Pour éviter trois heures de queue, nous avons zappé le Pergamon au profit du Neues Museum, superbement revisité par David Chipperfield. Histoire de voir de près le fameux minois de Néfertiti (qui est aussi le nom d’un porte-serviettes).












L’East side Gallery (à ne pas manquer) est en réalité un morceau du Mur de 1,3 km, au bord du fleuve, peinturluré par des grapheurs très-inventifs, connus ou pas, en 89-90 (voir photos). 



Quand je pense qu’on a maintenu captif et sous surveillance tout un peuple pendant 28 ans… pour son bien, avec renfort de dispositifs joliment sophistiqués… Le très complet Musée de la RDA permet de se faire une idée de la vie à Berlin-Est et d’essayer une Trabant ! (Vous pouvez également revoir La Vie des Autres, ou Good bye Lenin)

Un mur pour enfermer un peuple ! On n’imaginerait plus ça aujourd’hui, même au Proche-Orient…

Les Berlinois semblent assumer encore un style de vie, une culture singulière, moins influencés semble-t-il que nous par les paillettes amerlocaines. Je peux me tromper. Il est vrai qu’ils parlent tous anglais et n’ont pas besoin de se la péter. En revanche, on me souffle par télé interposée que beaucoup de lieux publics se vendent allègrement au privé sans beaucoup de vergogne. Ce monde est imparfait.





J’ai essayé la currywurst, une saucisse-spécialité locale vendue à tous les coins de rue. C’est dégueu mais typique. Et puis je me suis mis à la bière. J’ai acheté des cigarettes, en paquets de… 19 cigarettes au lieu de 20 : c’est moins cher et ça évite de fumer trop, non ? 



En rentrant à Paris, j’ai été tenté pendant une demi-journée de faire comme là-bas, dis donc : ne plus traverser la rue déserte si le petit bonhomme au feu n’est pas vert. Ça m’a passé.


Tout a une fin, même l’été


Seulement en rallumant négligemment, au retour, mon écran de télé pas plat, m’a sauté aux neurones l’insondable crétinerie des programmes ordinaires, à commencer par l’info et la pub. Bien fait pour ma candeur proverbiale. 
Me voilà donc prêt pour la rentrée, avec mon nouveau cartable et mes crayons neufs.















Votre ami dévôt.

Et n’oubliez pas : 
L’artiste berlinoise adorait Lénine et peignait un peu.