06 juin 2013

E viva Napoli !



7 ans déjà !
Ce journal électronique (in french : blog) a eu sept ans le 26 mars ! 
Il faut croire que j'étais encore très jeune et plein de fougue : 
le nombre de chroniques ("posts") 
s'amenuise d'année en année : 25 en 2006, 18 en 2007, (…) 
et pas grand-chose l'année dernière ! 
Il faut croire que j'ai appris à ne plus exprimer que la quintessence… 

Eh bien ! En voici une illustration :
Pas encore tout-à-fait débronzé de huit jours fort agréables à Naples et environ, je vous propose 
un court cours de napolitude







Leçon n° 1 : Ne pas se prendre pour Coppola

Après avoir écumé tous les bureaux, notre policier municipal a trouvé une personne qui savait quelques mots de français.

— Dans quelle via c'est arrivé ? 

Recherche appliquée dans le plan de la ville ouvert sur le quartier littoral… et c'est pas ça du tout, la via en question, Domenico Soriano, se trouve… juste derrière le commissariat !

— Comment étaient les personnes qui ont volé ?

On tricote une réponse en italo-anglo-franco-mime. C'est compliqué. D'autant qu'il faut préciser dans quel sens ils allaient, le numéro de la rue et la tenue des malfrats. 

J'étais pourtant en train de tourner la séquence du siècle ! Avec vroums incessants des vespas dans la ruelle pittoresque, du vrai cinoche underground avec zique contemporaine. Les bras tendus devant moi, l'iPhone 4S sur vidéo façon steadicam. A suffi d'un geste vif et habile d'un jeune passager de scoutère qui m'avait repéré et hop ! Adieu téléphone, agenda, calepin, contacts, internet, et des dizaines de belles images fraîches du Museo Archeologico Nazionale-une-vraie-merveille !!

Et nous voilà chez Courteline, dans les bureaux décrépis de la police locale. Ça dure deux heures, entre interrogatoire et déposition (in italiano ed in francese). A un moment, ils sont sept dans la pièce à échanger sur le casse du siècle. Ils ne doivent pourtant pas être rares, les vols à l'arraché dans ce quartier. Après, on attend. Un flic se lève huit fois pour taper une lettre d'une page. Un autre, pistolet à la ceinture, s'absorbe sur son iPhone : Tétris ou sudoku ?
Ils sont tous charmants, prévenants, attentifs. Au point que le traducteur nous offre un express au café du coin en s'excusant. Que peuvent-ils faire d'autre, que déployer le Grand et Inutile Rituel des Paperasses ? Nous sommes à Napoli, pas à Auteuil !
Dans la rue, un Napolitain choqué qui avait assisté au vol s'était arrêté à ma hauteur en soupirant en français : "Je suis mortifié !"







Leçon n° 2 : Voir Naples et… se faire écraser. Ou pas ?

A Naples, c'est bien simple, si tu as survécu en temps que piéton aux douze premières heures en ville, plus rien ne peut t'arriver : soit tu es resté toute la journée sur le trottoir, soit tu as pigé le système.

Fastoche, c'est tout le contraire de Paris, par exemple (je te parle même pas de Genève ou de Lausanne !) : lance-toi sans hésiter ! Mais pas n'importe comment, attention ! Tu es adulte et responsable : si le bus ou le scooter va trop vite, laisse-le passer ! Mais si le bus te voit arriver d'un bon pas, c'est lui qui ralentira ; si la bagnole veut quand même passer, elle changera de file, après klaxonnerie, bien sûr. Tout est dans la né-go-cia-tion ! Muette et instantanée. Et avec les klaxons, Naples chante ! Nuit et jour, les cornes cornent et les voitures ziguent et zaguent. Il y a très peu de feux de circulation (les véhicules s'arrêtent maintenant en général aux feux rouges principaux), moyennant quoi je n'ai jamais vu un vrai embouteillage. Bien sûr, on voit quelques tôles froissées. Mais pas tant que ça. Il doit bien y avoir quelques victimes de temps en temps, mais c'est le prix à payer, après tout, pour un trafic fluide et efficace. Non ?






Leçon n° 3 : Laver ses chaussettes et regarder en l'air.

Naples compte autant d'églises et de monuments que de feux rouges à Paris ! Tous les vingt mètres, entre deux bâtisses ornées de linge qui sèche, au milieu d'un joyeux bordel de piétons et de deux-roues véloces. Les lieux de culte, eux, sont toujours nickel-chrome (dedans), et l'on s'y agenouille encore communément comme dans les années cinquante par chez nous. Beaucoup de monuments géants : on y pourrait facilement garer des Airbus, même l'A380, je te jure. Dans la la galerie Umberto 1er ou le Musée archéologique, par exemple. D'où les deux questions qui me taraudent et que je propose à ta sagacité roublarde, fidèle et inconditionnel abonné :

1. D'où vient ce goût de l'énorme ?
2. Pourquoi tant de linge propre partout ?







Leçon n° 4 : Prendre le bus

A la notable exception de mon connard de voleur, on les a trouvés plutôt sympas, les Campaniens de Campanie (la province de Naples)… Pas forcément empathiques et souriants au premier abord (comme de vulgaires anglo-saxons), mais le plus souvent serviables. Bigots, mais sympas. Même les employés du Circumvesuvia, le petit train pratique qui emmène à Pompéi et Herculanum. Même les gardiens des sites et les serveurs de pizzas. Et surtout Emilia, la patronne de l'exquise trattoria du petit port de Sorrente (ah les poissons grillés !). Enfin j'imagine, parce que c'est sa descendance, maintenant, qui officie ! 
Sauf les vendeurs de billets de bateaux, je ne sais pas pourquoi. Sur l'île d'Ischia, la guichetière refuse, l'air revèche, de causer autre chose que l'italien. L'a pas tort, après tout : cette langue est plus sympa que l'étazunien. Pis au moins ça se prononce comme ça s'écrit ! Bien sûr, il faut veiller à appuyer sur la bonne syllabe. NApoli, GariBALdi…

En dépit d'un des taux de "motorisation" individuelle les plus élevés au monde, les moyens de transports en commun sont nombreux, efficaces et pas chers. Ça nous change.  D'où mon autre question faussement naïve :

Alors, ces Ritals du sud, sont-ils archaïques ou en avance ?! 

Et une subsidiaire :
Avec cet art de vivre, comment peut-on élire Berlusconi à trois reprises ?









Leçon n° 5 : Rester calme et humble. Voir la villa du Mépris à Capri.

Simplement, ce pays est énervant. Où que l'on aille, c'est superbe. A tout le moins, riche pour l'œil curieux. Enfin, ce que j'en connais. Mais cette fois encore, découverte émerveillée : la baie de Naples, avec le Vésuve partout, Capri, qu'est joli (et dire que c'était la ville…), Sorrente, qu'est bellement perchée sur un nàpic rocheux, et la côte amalfitaine en vertige sur les reflets d'argent, et Amalfi même, et Atrani, et Ravello, au bout du sentier escarpé, qui fait la fière avec ses hôtels cinkétoiles où je descendrai-la-prochaine-fois-parce-là-je-ne-savais-pas. Je vous conseille le Caruso, le Palumbo, ou encore le Palazzo Avino. Pour boire au bord du grand bleu un limoncello frais du jardin en oyant quelque suave musique du festival très fameux…


Allez, c'est pas tout ça ; faut que j'enfourche mon vélo dont je viens enfin de réparer le peuneu pour aller photographier St-Sulpice sous la pluie. 
Je mens : le printemps est revenu !




Et puis :

Cette vieille Napolitaine se vante d'avoir connu les plus belles roussettes de Pompéi.

(Toujours pompé (hi) dans la Bible du Contrepet, de Joël Martin, Bouquins, Robert Laffont éd.)