15 juin 2009

Sarko : Y z'en r'demandent !
















Variations sur l'obéissance,
le conditionnement,
la cohérence
et autres broutilles



Moi

D'après un sondage TNS-Sofres-Logica publié pour le Figaro,(1) la cote de Sarko augmente (41 % en juin contre 32 % en mai) !

Autrement dit, ILS EN REDEMANDENT !

[Je m'en plaignais à l'ami Julien quand celui-ci m'a envoyé quelques réflexions personnelles fort dignes de figurer dans ce blog pour alimenter le débat.
Voici donc son utile et humoristique contribution :]


Lui

De qui tu parles ? haaa... celui-là ? Sa Très Tonitruante Majesté comme
dirait Patrick Rambaud ? Sa cote de popularité dans les sondages ? Oui
bon ben. C'était pas Pierre Giacometti (un pourtant si joli nom) qui
dirigeait l'institut de sondage Ipsos et qui a eu la légion d'honneur
récemment ? Alors les sondages...

Ça me fait penser qu'il faudrait que je bosse sur un scénario pour le
troisième anniversaire de règne du nabot, j'ai déjà le titre : "Les 3
ans du con d'or".

Plus sérieusement, moi je me dis que ça ne m'étonne pas, qu'un paquet de gens en redemande : tant qu'on n'est concerné que de loin par les effets (néfastes) politiques et qu'on écoute de loin (sur TF1) ce qui se passe pour les autres, qu'on s'en tient aux mensonges officiels si superbement et assurément assénés, y a pas de soucis à se faire... Demande dans la rue l'avis des gens et combien répondent "oh vous savez moi la politique, j'y connais pas grand chose" (70 % d'abstention dans mon département pour les élections européennes dont pourtant il est dit que
le parlement qui en est issu détermine à 70% des choix législatifs qui gouvernent la marche de notre pays). Même Berlusconi a été réélu, même Bush (ah tiens, pas Poutine ? Si en fait). Alors pourquoi qu'en France on ferait pas comme d'habitude, comme les Américains avec 10 ans de retard ? Les mécontents peuvent bien être TRES mécontents, tant que la majorité ne se plaint pas trop sinon comme d'habitude, de l'augmentation de la recrudescence et du mauvais temps du mois de juillet...

J'entends même des gens dire, à propos d'HADOPI et de la LOPSI 2 qu'un
peu moins de liberté c'est pas bien grave quand on a rien à se reprocher
et que ça procure un peu de plus de sécurité.







J'ai reçu depuis peu ma nouvelle "box" internet avec la TNT (nous
habitons la seule et dernière région de France qui ne reçoit pas la TNT
par les ondes hertziennes, je vous jure madame c'est vrai) et j'ai revu
le film avec Yves Montand "I comme Icare" sur une chaîne pleine de rediffusions. Il y est question d'une étude "psychologique" (assez célèbre et que tu dois sans doute connaître) qui met en scène une
victime quelconque et un bourreau tout aussi ordinaire (le mec doit
envoyer des décharges électriques de plus en plus fortes à chaque
mauvaise réponse d'un questionnaire simple après avoir mémorisé les
couples questions/réponses). Cette étude tendant à prouver que, sous
l'injonction d'une autorité supérieure dont on ne remet pas en cause le
bien fondé et qui nous fait croire que c'est elle qui prends ses
responsabilités (l'étude fait croire qu'il s'agit d'une enquête
universitaire ou genre CNRS sur les méthodes de mémorisation et croire
au bourreau que sa victime – qui est en fait un complice et les
décharges fictives – est un "cobaye" comme lui et que leur rôle a été
tiré au hasard) 63% des gens sont capables de se transformer en
véritable agent tortionnaire et d'administrer des décharges quasi
mortelles à une victime parfaitement innocente qui ne leur avait
strictement rien fait.

Wikipédia me confirme qu'il s'agit des expériences du psychologue
américain Stanley Milgram sur la soumission à l'autorité au début des
années 60.

(voir lien plus bas)

Par ailleurs, les Socialistes auraient pris une raclée aux dernières
votations ? Peux-tu, toi qui lis le Nouvel Obs, me dire ce que pensent
les Socialistes ? Faire une synthèse de leur positionnement politique,
un dessin du dessein qu'ils envisagent pour la marche de la société ?
Comment voter pour un parti qui laisse s'égarer dans toutes les
directions des gens aussi épars qu'un Jack Lang, un Benoît Hamon,
Martine Aubry ou Ségolène Royale, Fabius, Mosco, Cambadelis, etc. etc.
etc. etc. Je ne réclâââme pas comme une vieille gaulliste amoureuse un
"leader" oulalala non, mais ça fait combien d'années que le PS annonce
qu'il faut qu'il se rénove ? Pas étonnant qu'il ne fédère plus ! Je ne
suis pourtant pas sensible au discours de la majorité gouvernementale
qui rabâche sans cesse que le PS n'a pas d'idées : au contraire, j'ai
presque envie de dire qu'ils en ont trop !












Tiens, justement, je suis plus surpris (ou juste affligé) que les vieux
gaullistes qui semblent devenir go-gaulliens à les voir se laisser ainsi
piétiner par la bestiole à talonnettes, à manger leur chapeau de Jean Moulin et avaler son écharpe rouge comme autant de couleuvres. Faut dire qu'il doit plus tellement en rester de vivants, et ceux qui se souviennent sont tellement vieux ! C'est pas très rassurant.

Et pourtant, 28% de votants umpistes, mais 70% de "pas pour" (bah oui,
tu crois franchement, par exemple, que ce qui reste de l'électorat du Fn
aurait envie de voter sarko le cas échéant ?) et 2% de je sais pas quoi.

Tout n'est donc pas perdu pour notre avenir (oui, oui, le tien aussi) et
sans doute est-ce pour cela que certains s'échinent à rendre moins
respectable "l'autorité" pour qu'elle puisse dès lors être mieux
contestée. Ce qui est amusant, c'est qu'un truc comme le
casse-toi-pauvre-con y participe ! Le vilain bonhomme porterait-il en
lui les germes de sa propre destruction ?

Pour compléter mon propos au regard des résultats de l’expérience
de Milgram et notamment à l’aune de ses variantes, je rajoute :

Trouble au sein de l’autorité :

« Lorsque l'autorité donne des ordres contradictoires, le taux
d'obéissance chute de manière très nette pour être nul. ». Ainsi nous
pourrions dire que le désordre au PS nuit clairement à son adhésion
électorale. Mais si on va un peu plus loin, la conclusion dit « Avant de
décider quoi faire, le sujet essaye généralement de déterminer quelle
est l'autorité la plus légitime, mais ne pouvant la trouver, le sujet
suit les ordres qui sont les plus conformes à sa conscience. ».

Ainsi les contradictions apparentes du PS tendent à ce que l’électorat
de gauche vote de manière plus conforme à sa conscience et moins par «
obéissance ». Ainsi, les préoccupés du réchauffement climatique voteront plus facilement (j’emploie le futur exprès de manière péremptoire, ça fait plus sérieux) Ecolo, quand les soucieux du chômage et les exclus de l’enrichissement capitaliste voteront eux plus à l’extrême gauche.
Inversement, quand tout un gouvernement ne parle que d’une seule voix, la mettre en doute ? Il faut donc faire taire la moindre parole dissonnante ou critique. Et là, avec ce gouvernement, les exemples ne manquent pas, sans parler de tout l’intérêt qu’il y a à n'avoir qu’un «
parti unique de droite ».

Proximité de l'élève :

« Les résultats montrent que plus l'apprenant est loin du sujet, plus
l'obéissance est importante. Ce dernier se sent moins concerné s'il est
éloigné de l'élève, car il n'est pas en contact direct avec les
conséquences de ses actes. »

Il est donc fondamental de maintenir éloignées le plus possible de la
vue et de l’ouïe, et surtout du contact de l’électeur de base tout ce
qui pourrait heurter la (fondamentalement) bonne conscience des gens :
les images des guerres en sont le principal exemple, mais on pourrait
aussi parler des « camps de rétention », dont on voit si peu d’images,
des tentes des « Don Quichotte » qui sont évacuées le soir même, des
prostituées qu’il faut cacher, des journalistes qu’on perquisitionne ou
met en garde à vue le plus discrètement possible (tout en agitant quand
même le torchon de la répression), ou même des manifestions ça et là qui sont fort peu retransmises dans les médias « main-stream » (spécial
anglicisme pour toi) sinon uniquement pour en montrer les exactions ou
débordements, si ce n’est pas carrément la Police qui interdit qu’elle
soit filmée par « respect pour son droit à l’image », etc.

Rôle du groupe :

« Le pouvoir du groupe est aussi très important […], où le conformisme à
l'attitude du groupe et le partage de la responsabilité occasionnent un
taux d'obéissance bien plus important que le simple ordre de l'autorité.
Ainsi, psychologiquement, le sujet ne se sent pas coupable des
souffrances de l'élève, bien que son rôle soit primordial dans la chaîne
aboutissant aux décharges électriques. »

Dés lors, quelle aubaine que la publication des sondages ! Quel
formidable outils pour induire l’idée qu’un (plus ou moins) grand groupe
(pas nécessairement une majorité, même si c’est « mieux ») adhère,
souscrit ou accepte telle ou telle pensée ou idée. Peu importe qu’il y
ait 70% de gens qui n’aient pas voté UMP, pourvu qu’ils soient
disséminés, l’important est bien de signifier qu’un groupe (28%) fasse
cohésion. Prenons n’importe quel thème et il en sera de même : peu
importe la grandeur des chiffres, le sondage permet déjà d’offrir une
représentation d’un « groupe ». Nous avons déjà largement constaté par
le passé le phénomène avec les idées d’extrême-droite.

Stratégiquement, il conviendrait peut-être de regarder les choses dans
une optique de déconstruction (on dit « dans une optique » ou avec une
optique ?) :

La désobéissance à l’autorité devient possible quand celle-ci perd de sa
légitimité et de sa supériorité, de sa cohésion de parole et de
l’unicité et cohérence de ses ordres, de l’adhésion massive d’un groupe
et que les agents qui lui sont soumis se sentent plus concernés,
notamment par la proximité avec le sujet de leurs méfaits.

Ah bah tiens, voilà qu’on nous reparle de la grippe porcine… Ouais mais
c’est un autre sujet. Enfin presque.

Ju.

















Moi :
Y a déjà un bout de temps que je me suis désabonné du N'Obs…

Lui :
Ah, condoléances.

Moi :
Vraiment, vivement la retraite à 105 ans.

———————
Citations extraites de "Variantes de l'expérience de Milgram" sur
Wikipédia

———————
(1) La page du Figaro en question


Ne poussez pas ce veau dans la rizière !

DERNIÈRE MINUTE :

Wouaf spécial, à propos de Yann-Arthus Dieu-le-Père et de son film pédagogique HOME, qui fait sensation dans les salons bobo (très joli film, d'ailleurs). Je viens de trouver un point de vue enfin à contre-courant de cette nouvelle philosophie naturophile qui, comme le "Carpe diem" des diaporamas pps à la con qui polluent ma boîte électronique, devient l'alpha et l'omega de la pensée à la portée de tous ! Débat !



08 juin 2009

Elections : Strasbourg, vue de ma fenêtre





























La cathédrale,

Le Parlement























Qui c'est qu'a gagné, par chez nous ?

1. Le "parti des abstentionnistes" (pardon pour le cliché). Pas de pot, les absents ayant toujours tort, les autres ont décidé pour eux. Et l'Europe continuera à édicter ou inspirer des lois, voter des directives qui influeront, sans qu'ils aient leur avis à donner, sur leur vie quotidienne !

2. Arthus-Bertrand. Ce mec-là est devenu notre maître à penser sur l'avenir de la planète. Pour ça il a l'arme absolue : de belles cartes postales et le soutien de la société du spectacle.

3. Les thermomètres. C'est comme ça que j'appelle les journaliss, maintenant (en vertu de leur credo "C'est pas nous qui faisons l'actualité, on n'accuse pas le thermomètre lorsqu'il fait trop froid" — voir nos autres chroniques). A force de nous vendre l'abstention, à force de ne jamais parler des débats (à part le vin rosé ou le beurre de cacao), on a fini par oublier qu'elle existait, l'Union européenne…
Il était plaisant de voir, lors de la soirée après élections sur France 2, ramer les thermomètres pour toujours aiguiller la discussion sur des questions de personnes ou de stratégie politique franco-française ! Ouaf ouaf ! Il n'y a eu que Daniel Cohn-Bendit pour esquiver !

4. La flemme intellectuelle. On nous dit rien. C'est trop compliqué. Avec pour sauce d'accompagnement : les politiques, ils nous baladent. En trois clics, cependant, et même avec un pc ordinaire, y a moyen de savoir deux ou trois choses, ou je me trompe ?

5. La défiance, enfin, envers une opposition "de gauche" institutionnelle qui ne sait plus où elle habite.

Et si on parlait de l'Europe ?

Et si on se mettait maintenant à en parler un peu plus, de l'Europe ? Si on parlait des débats, des projets de lois, des alliances, de ce qui nous pend au nez ?
Chiche !