28 mai 2009

Je sais pas vous, mais moi je vote
































La Corse est toujours aussi magique. Peut-être les hommes y sont-ils pour quelque chose… (en n'en faisant rien ?)




LES BELLES EUROPÉENNES



Les médias s'abstiennent (de faire leur boulot)

"Vers un nouveau record d'abstention le 7 juin" (La tribune.fr)
"Vers une abstention record aux européennes" (Le Figaro.fr)
"L'Europe des Vingt-Sept aborde la période des élections au Parlement dans la crainte d'une abstention massive" (Le Monde.fr)

"La menace d'une abstention record…" etc. (Le Point.fr)


A force de nous vendre l'abstention comme une fatalité, Lémédias oublient de rappeler qu'une grande partie de la sauce à laquelle nous sommes tous les jours mangés vient de la Communauté européenne. Dans quelle proportion ? 60 % ? 80 % ? Impossible à déterminer ? Le débat est ouvert (voir ici par exemple)… Moi quand je vois les délires sécuritaires et précautionnitaires et hygyénophiles et libre-concurrençophiles qui envahissent notre quotidien AU NOM DE L'EUROPE, je m'interroge naïvement comme un perdreau de l'année que je suis. Heu… Cette loi sur la hauteur des poignées de portes dans les crèches ou sur le beurre de cacao dans le chocolat, quand en a-t-on causé ? Et que puis-je en dire et à qui ? (Je prends des exemples extrêmes, certes : j'aurais pu parler de broutilles, comme la casse des services publics ou la disparition de la notion de Bien commun…) Autrement dit, ce gros machin qui pond des interdits et des passe-droit comme curés pédophiles dans le clergé, ce monument, où le visite-t-on ?

L'Europe, c'est pas sexy

L'Europe, c'est pas glamour, nous serinent jusqu'à la garde les journalistes de Légrandmédias, qui comme chacun sait, sont des foudres de pertinence et de conséquence. Arlette-gai-luron-Chabot, directrice de l'info sur un service, heu, public, de télévision, déclare sans rire en gros que c'est pas de sa faute, c'est les politiques qui rendent pas ça excitant(*)


On n'est que des thermomètres

On rêve ! Revoilà l'antienne : on n'est que des thermomètres ! Et ils y croient encore ! Le gouvernement parle de sécurité pour exciter son électorat, ça c'est de l'info ! On n'est que des thermomètres ! (et bien sûr, le contexte de panique pour la présidentielle de 2002 , on n'y est pour rien !)

Je sais pas vous…

Alors voilà, je sais pas vous, mais moi, le 7 juin, j'irai voter. Il n'y a qu'un seul tour, c'est à la proportionnelle (donc, la chance aussi d'y voir représentées des tendances un peu moins consensuelles) et il ne fera pas beau temps : pas la peine de partir en week-end. Ou alors au retour, c'est encore possible. Et si décidément vous y mettez de la mauvaise volonté, le vote par procuration est facile si l'on ne s'y prend pas au dernier moment (voir les liens ci-dessous).
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*(Dernière minute : je dois à la vérité de reconnaître qu'elle a été la seule, jeudi 4 juin, à organiser un débat sur une grande chaîne. Houleux mais pas inutile à bien des égards : il n'est jamais trop tard pour bien faire…)

Si vous voulez tout savoir sur le fonctionnement du grand machin, c'est ici ou ici

Un point de vue intéressant sur le sens des élections : là !

Et un autre, qui pose la question de la Commission européenne : clique !


SINON, JUSTIN, QUOI DE NEUF ?

La grippe pas-porcine pas-mexicaine mais qui fait peur

On nous explique que cette grippe est une grippe ordinaire, qu'il n'y a somme toute que 100 morts à ce jour (contre entre 250 000 à 500 000 morts pour les autres grippes), mais qu'il faut avoir très peur. D'ailleurs on en a parlé pendant des semaines dans les lucarnes et sur les feuilles de chou. Cherchez l'erreur ?






Conso : Simply nase














Il y a un peu plus d'un an, mon petit supermarché ATAC a été refait. Je n'avais pas compris à l'époque pourquoi c'était devenu si moche : tubes fluos, déco tartignole, rayonnages style usine. J'avais l'illusion que quand on faisait des travaux, c'était pour faire mieux. J'avais oublié la logique marquètigne : pour vendre en donnant l'illusion que c'est moins cher, il faut adopter un style bas-de-gamme. Forte remise (Hard discount). Voilà c'est fait : les supermarchés ATAC sont donc devenus un peu partout "Marché simplement" (SIMPLY MARKET), vous voyez le génial concept ? Jaune-vert-rouge, un logo dessiné sur un coin de table par un étudiant de première année au conservatoire amateur de Bouzin-sur-Godiche, choix réduit, quelques baisses de prix et le tour est joué !
Ils ont gagné : je n'y vais plus (et apparemment je ne suis pas le seul) !


In my basket

A propos de la soumission généralisée à l'étazunisation des esprits, j'ai dégotté ces dernières semaines ces quelques perles pour mon basket :

Les jus de fruits frais mélangés de diverses marques, c'est maintenant des "SMOOTHIES" : très bons d'ailleurs, (et très chers), et ça fait causer les langues étrangères !…
Pub dans "Questions pour un champion", pour un lot : "Pour toutes vos utilisations OUTDOOR"… Ahouttdor, ça vous a quand même une autre allure que "dehors", quand même !!!
RENAULT LAGUNA : "BLACK EDITION"
AFFLELOU, pour dire "L'année prochaine" en pied-noir, il dit "NEXT YEAR". Unbelievable, isn't it ?
PHILIPS : "SENSE AND SIMPLICITY"
BRITA (je ne sais même plus ce qu'ils vendent : des filtres à eau ?) : SENSE TECHNOLOGY !
LG : "LIFE IS GOOD"
PEUGEOT : On n'a que l'embarras du choice : "EXPERT TEPEE", "BIPPER", "PARTNER",… et les déclinaisons des différents modèles : "SPORTY ESSENCE MONOCORPS" (???), "TRENDY ESSENCE 3 PORTES" (pourquoi pas 3 doors ?), URBAN ESSENCE, and so on…
ORANGE "OPEN", etc.

Je n'aime plus mon époque

Mais plus encore que l'anglicisation généralisée de la langue — les Suisses, les Allemands et les Belges avaient déjà quelque avance sur le sujet —, c'est la "libéralisation" étazunisoïde des esprits qui me frappe. L'autre matin, sur France inter, le patron d'une compagnie aérienne laho coste ("à bas prix", c'est moins chic), AVION-À-RÉACTION-FACILE (Easyjet) défendait le dédale invraisemblable de ses suppléments (carburant, bagages, robe de l'hôtesse, glaçons, accoudoirs, hublots, taxes diverses) par ces mots : "Notre client, s'il n'a pas de bagage, il n'y a aucune raison qu'il paie pour celui qui en a un". Tout est là ! Notre nouveau mode de relations sociales. "Il n'y a aucune raison pour que je paie pour les autres". Ainsi pourrait-il en être pour les routes, les écoles, les hôpitaux, la justice.
C'est vrai, quoi : je ne regarde le foot que deux fois par an et pourtant je paie allègrement pour le Paris-St-Germain dont je n'ai rien à taper : scandale ! Je ne vais plus à la médiathèque et je n'ai pas d'enfant malencontreux à mettre en centre d'accueil : scandale !
On vit une époque formidable. Non. Il faut dire mieux : "Je n'aime pas mon époque". Parce que disant cela, on reprend les propos de Claude Lévy-Strauss. Et ça, ça vous a quand même une autre gueule !

ET SINON ?

Je n'avais pas vu "DANSE AVEC LES LOUPS", que je prenais pour une grosse daube sentimentalo-simpliste. Etonné que deux ou trois jours après son visionnement à la télé, j'y aie repensé, avec plein de questions sur la violence redneck des conquérants, sur la cohérence rassurante d'une tradition. Revoilà Lévy-Strauss.
VILLA AMALIA, de Benoît Jaquot : un film presque complètement réussi, mais qui perd dans la deuxième moitié un peu de son passionnant mystère. Isabelle Huppert y est comme d'habitude grandiose et ambiguë.
Revu pour la dixième fois LES 400 COUPS. Peux pas en parler, je pleure. Mais ça, c'est parce que le Paris et le milieu décrits dans ce film de la Nouvelle Vague sont mon enfance.
A propos de nostalgie (décidément, je vieillis, non, ça ne se voit pas), j'ai téléchargé le CYRANO DE BERGERAC de Claude Barma (1960) sur le site de l'INA, avec l'immense Daniel Sorano et Jean Topart, Michel Le Royer, Noiret, Galabru : que du bonheur ! Quand je pense aux bouts ridicules que j'en avais vus avec Belmondo dans le rôle titre ! Je vais me revoir LES PERSES (un truc de ouf, musique contemporaine et tout, passé à 20 h 30 sur les lucarnes magiques en noir et blanc en 1961) !
LE BAL DES ACTRICES : pétillant, malin, mauvais esprit et tout. J'ai aimé mais il ne m'en reste pas grand chose. Bizarre.
DANS LA BRUME ÉLECTRIQUE : Pour le climat (brumeux) et le savoir-faire de Tavernier. Goûteux.
Lu OÙ ON VA, PAPA ? qui a beaucoup ému les jurés du prix Fémina. Pétillant, malin, émouvant, mais répétitif. Vous savez ? C'est l'histoire de ce père de deux enfants "différents", et qui ose l'humour (avec brio).
En cours, le dernier Kundera, UNE RENCONTRE, qui m'énerve depuis qu'il se prend pour un penseur. Hé ! Cette fois-ci, pour moi, ça marche. Je vous en reparlerai sans doute. Autant dire avec doute.
Dernière minute : FRAGMENTS, de BECKETT, aux Bouffes du Nord.
Il faut croire que les grands artistes jouent l'épure en vieillissant. Ce fut le cas de Miro et Matisse. Peter Brook, depuis toujours, travaille l'essentiel du théâtre : autrement dit, tout ce qu'on ne peut enlever. Et même s'il nous a éblouis il y a loin déjà avec de grandes épopées (Shakespeare ou le Ramayana), il a toujours concentré son travail sur l'acteur et la suggestion. Ce pourrait être un théâtre d'appartement. Le plus souvent c'est juste. Parfois on aurait eu envie d'être un peu plus transportés, scotchés, étonnés. Le voilà aujourd'hui s'attaquant à un auteur minimaliste. Un philosophe déguisé en histrion de l'absurde. Ces quelques FRAGMENTS du théâtre de Samuel Beckett ne mettent en scène qu'un, deux, ou trois personnages. Des sortes de clowns métaphysiques. Qui témoignent du vide et du regard attendu aux fenêtres. De l'humoristique et tragique condition humaine. C'est beau, c'est pur, c'est poétique, c'est drôle et c'est court. Et ça se joue encore jusqu'au 20 juin.


Portez-vous bien et n'oubliez pas d'aller voter.


Le démagogue a plongé plus de deux mois dans la foule !

(Piqué à Joël Martin in La bible du contrepet, Bouquins)

L'Ami dévot