16 novembre 2006

J'arrete de fumer et je pars au Club Med


















L'ENFANT QUI BRAILLE

J'arrête de fumer, c'est décidé. J'arrête définitivement.
C'est la chose la plus facile au monde : je l'ai déjà fait huit ou neuf fois !
Le problème, c'est qu'avant je savais pourquoi il était bon d'arrêter.
Mais aujourd'hui je n'arrive plus à savoir si c'est pour mon bien-être ou à cause de la pression sociale et de la mode. Maintenant que l'opinion décide pour moi de ce qui ne doit pas dépasser, j'ai presque envie de me remettre à la goldo sans filtre. Je ne peux résister à ressortir cette citation de notre cher Finkielkraut en avril 2002 : "Du bruit sous mes fenêtres, c'est le débordement de l'être, c'est le commencement de la barbarie !" (sic) Même Plantu s'y met. Vous savez, Plantu, le dieu des dessinateurs, qui était chez Taddéi l'autre soir pour défendre la doxa bien pensante : "pas beau, de fumer !". Depuis trente ans, ce garçon n'a encore jamais pensé à apprendre à dessiner mais il donnait des leçons de diplomatie à Arrafat ! C'est dire la pertinence de ses points de vue.
Pas beau de fumer. Pas bien de boire de l'alcool. Dangereux de manger du sucre. Pas bien de manger gras. De critiquer la religion. De ne pas être à genoux devant l'enfant qui braille.
Tiens, voilà : qui protègera ma santé nerveuse de l'enfant qui braille dans les lieux publics ? Y aura-t-il des pièces spéciales réservées à l'enfant qui braille (avec extraction des miasmes) ?
Qui va me protéger de la donzelle qui se pâme d'effroi à la vue d'une cigarette à 200 mètres ?
Qui me protégera des Verts à la mairie de Paris ?
Les jansénistes sont de retour ! Au secours !
Vous voyez : les effets du manque de nicotine se font sentir déjà, et je manque de modération.
Pas beau de fumer. Pas beau de sucer de la glace. Pas beau de respirer. Répétez après moi…

MED ALORS !!!

Pour m'aérer j'ai pris le catalogue du Club Med, où je ne suis jamais allé. Tout émoustillé : Sea, sex and sun and tourism and tout le Saint Frusquin…
Mein Gott ! Jamais vu un truc aussi sinistre. Je parle du catalogue.
Je ne sais pas s'il est représentatif de l'époque, —qu'en aurait dit Barthes ?— mais en plus, un mot m'est venu tout de suite à l'esprit : autisme. Outre que les photos sont toutes assez moches, on y parle de "confort", d"activités", de "décoration", de "luxe", de golf, de bouffe et remise en forme. Le pays d'accueil, il n'existe pas. De fait, le choix du Mexique ou de Marrakech se fait sur le nombre de trous du parcours de golf ou le nombre de bars à disposition !
Pourquoi aller à côté pour pas cher alors qu'on peut aller très loin et payer une fortune ?
J'hésite un peu quand même : s'il faut en plus se farcir les animations débiles qui ont fait la célébrité du Club, je veux bien être sympa, mais je crois que je vais reprendre ma Dauphine et descendre dans une Auberge de Jeunesse. Si si, il paraît qu'ils acceptent les vieux, maintenant.
Pour la route, une citation de l'édito du Pdg, Henri Giscard d'Estaing :
"Nouvelle décoration, espaces réaménagés, OUVERTURE TOUJOURS PLUS GRANDE SUR LA CULTURE LOCALE…" (C'est moi qui souligne). Nous voilà rassurés, ils se sont aperçus qu'il y avait "une culture locale". La route est droite mais la pente est forte et on en chie en pédalo…